Emmanuel Macron, Ministre de l’économie et des finances : « Il faut se battre pour que les métiers de l’automobile gardent leur excellence »
Quelques extraits du discours de clôture des Etats Généraux du CNPA par le ministre de l’économie et des finances Emmanuel Macron. Un discours centré sur la nécessaire intégration de cette filière aval de l’automobile à la production automobile. A noter l’annonce du « pacte de mobilité » proposé par le CNPA ainsi que des efforts particuliers au niveau du digital et de l’environnement à travers la pièce de réemploi.
Emmanuel Macron : « Pour reprendre cet élan dont notre économie a besoin, il faut abattre des cloisons. Compte-tenu de l’importance économique que vous représentez, vous avez un siège entier dans la filière automobile et non pas un strapontin. Chacune et chacun a son mot à dire.
La cohérence d’une filière repose dans la capacité de chacun à travailler ensemble. La filière a pâti d’un manque de cohérence. Nos deux grands constructeurs ont décidé de moins produire en France tandis que nos sous-traitants de rang un travaillent de plus en plus à l’international. Cet affaiblissement s’est joué depuis les années 2000 jusqu’aujourd’hui.
La filière n’a pas travaillé ensemble et quelque chose a été perdu. De l’amont à l‘aval, il faut agir en cohérence pour que cette industrie soit plus forte au niveau de chacun de ses maillons. Si la filière automobile ne prend pas en compte les métiers que vous représentez, elle ne pourra pas se redresser. Votre chiffre d’affaires est équivalent à celui des constructeurs, beaucoup de gens l’ignorent.
Il faut préserver l’écosystème de l’automobile. C’est le véritable enjeu d’une politique cohérente depuis les achats de matières premières jusqu’à la vente et le recyclage. Si nous voulons gagner en compétitivité, nous devons prendre en compte l’ensemble de cette chaîne de valeur. L’emploi ne concerne pas essentiellement le constructeur.
« Vos professions sont intégrées au contrat de la filière automobile ».
J’attache une importance particulière à votre approche de la formation. Il faut prévoir les métiers d’aujourd’hui et de demain. Le véhicule autonome conduira à la création de nouvelles formes de services. Il faut préparer les qualifications de ces nouveaux métiers. J’attends vos propositions sur le sujet. Vous devez nous aider pour préparer cet avenir. Vous le faites déjà beaucoup à travers le Plan Compétence Emploi. Il faut revaloriser l’apprentissage. C’est la raison pour laquelle nous irons beaucoup plus loin à travers des mesures comme le CICE et le pacte de responsabilité.
Ne pas opposer l’industrie et les services
La deuxième barrière que nous devons lever, c’est celle qui existe entre l’industrie et les services. Il ne peut y avoir une politique différente. La chaîne de production s’est mondialisée. Je suis prudent avec la formule du « made in France » car on a du mal à tout rapatrier en France. Il faut aussi penser aux services associés à un véhicule qui est produit. Demain, on achètera plus du « temps de véhicule » qu’une voiture à travers la fourniture de services. Il faut imbriquer les services et la production industrielle. Votre organisation est la clé pour que les échanges d’expérience puissent se faire de manière plus efficace.
Digitalisation des métiers et transition énergétique
Enfin, la troisième barrière, c’est celle qui vous sépare les uns des autres. Vous représentez 110 000 entreprises de proximité avec des emplois à forte valeur ajoutée et d’autres moins qualifiés, soit 21 métiers au total. Lesquels constituent non pas une faiblesse mais des points de force. Il y a des défis communs comme la digitalisation de l’économie de ces métiers. Il faut ainsi identifier les leviers et les transformations que cette digitalisation implique. A vous de les traduire. A nous de vous accompagner. Ces investissements de rupture doivent se placer dans une matrice afin que l’argent public puisse vous aider efficacement. C’est une priorité que nous devons accompagner à travers également des dispositifs fiscaux. Cela passe aussi par le développement du Big Data qui est fondamental dans l’automobile. Les objets connectés et la réalité augmentée ont leur place dans votre secteur. L’autre défi, c’est la transition énergétique et écologique. Votre filière est exemplaire en la matière. Nous devons ainsi avancer sur la pièce de réemploi.
Un pacte de mobilité
Je retiens enfin votre proposition d’un pacte de la mobilité. C’est un défi que nous partageons. J’ai, par exemple, ouvert le service des autocars. IL faut penser à la mobilité pour les plus jeunes, notamment à travers la réforme du permis de conduire. Je suis preneur de vos propositions sur le sujet pour améliorer cette réforme.
Pompidou disait « les français aiment la bagnole ! »
Notre responsabilité : c’est le succès de la filière automobile qui représente des emplois de l’amont à l’aval. C’est une force française. Pompidou disait « les français aiment la bagnole ! ». Il faut se battre pour que les métiers de l’automobile gardent leur excellence. Cela fait partie de notre imaginaire collectif. En ce lendemain d’élection, vous êtes l’un des leviers de cette réindustrialisation de l’économie. Nous récréerons des emplois et des innovations pour rétablir notre place dans le cours du monde. Je compte sur vous et vos propositions, vous pouvez compter sur moi.